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Le coriole chatoyant,un champignon haut en couleur

Trametes versicolor présente des zones concentriques plusou moins larges, de couleurset de teintes très diverses.

Trametes versicolor dégrade rapidement le bois mort. Il peut affecter mécaniquement un arbre vivant à l'occasion de larges blessures.

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1 PORTRAIT DU CHAMPIGNON. Tra- metes versicolor se développe surtout sur le bois des feuillus, notamment sur les hêtres (Fagus spp.) et les bouleaux (Betula spp.). Il colonise rarement les conifères.

Répartition géographique : c'est un champignon très commun dans tous les coins du monde excepté dans les régions froides. En Europe, il se raréfie en montagne et dans les pays nordiques.

Description de la fructification : le sporophore est annuel mais peut persister plusieurs mois à l'état desséché. Les chapeaux aplanis, de forme semi-circulaire, en éventail plus ou moins ouvert, mesurent de 20 à 70 mm de large et de 10 à 50 mm de projection. Ils sont dimidiés. Bien que très minces (1 à 5 mm), ils restent assez coriaces. Ils ne possèdent pas de pied mais se fixent au substrat par une portion mince. Ils adhèrent fortement à l'écorce et il n'est pas aisé de les décrocher. Disposés en rosette et souvent imbriqués les uns dans les autres, les sporophores croissent en colonies et apparaissent rarement isolés. Lorsqu'ils sont gênés dans leur développement, ils se déforment fortement rendant leur identification délicate.

La surface piléique finement veloutée et sinueuse comporte des zones concentriques plus ou moins larges, de couleurs et de teintes très diverses : ocre, brun, rouge-vin, jaunâtre, fauve, gris, noir, bleu-gris... La variabilité de la coloration est très importante chez cette espèce. La marge et la face inférieure, blanches dans un premier temps, deviennent peu à peu crème à ocre. Les pores aux contours irréguliers - arrondis à anguleux et parfois allongés - sont de 2 à 4 par millimètre. La sporée apparaît blanchâtre à jaunâtre. Les tubes sont très courts (0,5 à 1,5 mm de long). La chair est blanche fibreuse et coriace.

Confusions possibles : d'autres tramètes sont ressemblants, notamment Trametes hirsuta dont la fructification présente des zones concentriques blanches à jaunes hérissées de poils brillants ou T. pubescens dont la surface piléique est glabre, blanche et faiblement zonée. Plusieurs stérées (Stereum spp.) possèdent une surface piléée assez proche mais la face inférieure (hyménophore) lisse dépourvue de pores permet facilement de les distinguer.

Période de fructification : les chapeaux du coriole chatoyant poussent toute l'année mais sont surtout visibles en été et à l'automne. Les sporophores desséchés deviennent noir-bleuté et persistent plusieurs mois accrochés à leur substrat.

2 CONSÉQUENCES POUR LES AR- BRES. Ce champignon se développe sur les bois morts avec ou sans écorce. Il est commun sur les bois gisants en forêt et sur les souches et colonise préférentiellement le bois d'aubier particulièrement riche en réserves nutritives. Sur les bois coupés, ses fructifications apparaissent à la périphérie. Dans un second temps, il peut s'attaquer au duramen. Dans les tissus qu'il dégrade, il est fréquent de relever la présence de lignes noires : ce sont des « zones de démarcation » établies entre les différentes souches de Trametes vesicolor ou les diverses espèces de lignivores présentes dans le bois. Le champignon peut se développer sur les arbres vivants à condition qu'ils soient blessés ; il profite des plaies superficielles : écorçage, brûlures par le soleil... Selon certains auteurs, il serait capable de coloniser les plaies fraîches. Il se répand dans les tissus d'aubier, dépérissants ou morts, qui ont été mis à nu et peut gagner par la suite le duramen.

Activité lignivore : le coriole chatoyant provoque une pourriture du bois de type « blanche simultanée ». Le bois dégradé devient très léger et cassant. Dans un arbre mort, sa dégradation est rapide : sur de l'aubier de chêne par exemple, la perte de masse en 4 mois est de 30 à 40 %. Elle est par contre plus lente dans un arbre vivant ; son développement est contrarié par les mécanismes de défense en place.

3 DIAGNOSTIC ET PRÉCONISATIONS. La fructification du champignon est le seul indicateur de sa présence. En règle générale, lorsqu'il est présent dans le bois, il fructifie rapidement. Les chapeaux apparaissent en nombre sur les parties écorcées, sur les anciennes plaies ou sur les écorces échaudées.

Décision : les conséquences mécaniques de la présence de Trametes versicolor dans un arbre sont rarement graves. Le plus souvent, l'aubier est décomposé mais les tissus profonds (le bois de coeur) restent épargnés. De plus, en raison de l'efficacité de la compartimentation, seuls les tissus mis à nu lors de la blessure se trouvent colonisés. Ainsi, plus la plaie est étendue et plus le volume d'aubier dégradé est important. Sur de larges blessures colonisées par le champignon, il est fréquent d'observer une atteinte des tissus duramenisés profonds. Dans ce cas, le risque de rupture peut être important. Pour évaluer correctement l'importance du foyer de pourriture et l'état du duramen, des mesures à l'aide d'outils spécifiques restent indispensables. n

Pierre Aversenq

La face inférieure, blanchedans un premier temps puis crème à ocre, comporte despores aux contours irréguliers.

Sur les bois coupés, les fructifications apparaissent à la périphérie.

Sur delarges blessures colonisées par le champignon, il est fréquent d'observer une atteinte des tissus duramenisés profonds.

PHOTOS : PIERRE AVERSENQ

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